Biographie

Albane Roux construit une existence sociale et écologique intimement liée à la recherche d’une cohérence entre la fabrication de l’œuvre et la place de l’artiste dans un écosystème humain et géographique donné. Son travail pictural se déploie à partir des matières diverses qui l’environnent ; du vivant à l’inerte, de l’organique au minéral, du microcosme au macrocosme. Par l’expérience corporelle du geste et de la couleur, les éléments projetés sur la toile deviennent sujets, et convoquent les sensations d’un paysage abstrait. La pratique artistique de l’artiste entre en dialogue avec un cheminement spirituel, soutenu par l’exercice des méditations et la lecture des textes anciens et modernes. Ses recherches récentes portent également son travail vers la recomposition d’une chaîne générale de création picturale à partir de plantes tinctoriales et de matières récoltées diverses.

 

Née en 1972 à Bordeaux, elle devient peintre après des études de psychologie et d’histoire de l’art à l’École du Louvre. Son univers pictural s’est nourri des abstractions américaines de l’après-guerre, des calligraphies asiatiques, avant de s’inscrire aujourd’hui dans un dialogue direct avec son environnement géologique, vivant et non-vivant. Les premières œuvres structuraient un langage déjà riche des matières récoltées en milieu naturel, et témoignaient d’un regard sur le temps qui passe, retravaillant ainsi les traces des intimités humaines.

Elle conduit également depuis quelques années un projet pictural, sculptural et textile qui témoigne des différents états de veille qui conditionnent tout être humain, tels que décrits par les Upanishads. Ces textes indiens datant d’entre le VIIIème et le IIIème siècle avant notre ère inspire un travail sur l’effervescence des couleurs jusqu’à leur propre renoncement, des émotions vives et éveillées jusqu’à l’épure des blancs qui transparaissent, là où enfin l’être semble le plus libéré des conditionnements psychiques et mentaux. Les œuvres d’Albane Roux interrogent enfin la manière dont une quête de connaissance peut irriguer la pratique plastique, et vis-versa. D’où la constance des recherches à la fois plastiques et sensibles qui entourent son œuvre.

Création sonore de Clément Bernardeau dans le cadre de l'expérimentation "où atterrir" avec le collectif Rivage et accompagnée de la magnifique chanson Gaia de Pablo Schellinger.

"OU ATTERRIR" est une expérimentation artistique, scientifique et politique à laquelle je participe depuis octobre 2021 qui propose a des citoyen·nes, de mener l'enquête sur leur terrain de vie à partir de leurs attachements : ce à quoi ils tiennent et qui les fait tenir.

 


Propos personnels

Née en ville et pourtant, émerveillée par le moindre bout d’herbe qui fraie son chemin entre les fissures des trottoirs, je décide à 20 ans de m’installer entre l’océan et le bassin d’Arcachon. Les flux urbains demeurent depuis à la périphérie, ce qui ne m'empêche pas de voyager en Afrique, en Inde, au Brésil. Et dans les campagnes françaises.

 

Après avoir fréquenté l’école du Louvre, l’hôtel des ventes de Drouot dans les années 90, j'essaie de vivre de ces objets parfois oubliés qui nous entourent et peuplent ces marchés, ceux des puces de Vanves ou de Saint-Michel à Bordeaux. En 2002, je réalise ma première exposition dans le quartier des Chartrons chez un collectionneur et j’ouvre mon atelier à Arès sur le Bassin d’Arcachon. Depuis, j’expose dans mon atelier et en galerie, notamment au Cap ferret, à la Galerie Bassam.

 

Je crois qu'avec les objets que je manipulais, j'aimais ressentir les vies cachées derrière ces intérieurs, ces flacons de parfums dont je me plaisais à imaginer les mains de ces femmes venir s'y poser. Les souvenirs-papiers et les images des familles ordinaires m’ont fasciné. Ce saisissement devant l'univers intime de tout être m'amenait à réfléchir comment à mon tour transformer cette matière sensible.  J’ai commencé à peindre, d'abord en couvrant des photographies argentiques de mariées, de poilus, oscillant entre oubli et mémoire. Je voilais et dévoilais les visages, un bouquet, une main, une oreille, grattant dans l'épaisseur de la colle, pour jouer de ce dialogue qui existe entre le souvenir et l'inerte, le geste du peintre et le support de sa propre projection.

 

Par le voyage au Mali, en Inde, je me confronte à des formes nouvelles de radicalités artistiques qui m'inclinent à rester intègre et proche de ma vocation d'artiste en constante recherche, en constant mouvement. Le décentrement ; les arts africains, l’Antiquité égyptienne, Byzance, Odilon Redon, Cy Twombly, Johan Mitchell, Zao Wou Ki, Chu Te Chun, influencent ma peinture. 

 

Ma recherche se porte sur la matière, ses subtilités, sa couleur. L'acte de peindre est métaphore de vie, car l'on ne peint jamais librement et en improvisation sans dévotion entière à l'oeuvre. Je fais mienne cette réponse de Michel Foucault à Stephen Riggins lors d’un entretien : « Cette transformation de soi par son propre savoir est, je crois, quelque chose d’assez proche de l’expérience esthétique. Pourquoi un peintre travaillerait-il s’il n’était pas transformé par sa peinture? ». 


Texte Critique de Christian Malaurie, 2013.

 

Le travail plastique d’Albane Roux s’attache à la peinture, mais son geste plastique s’apparente plus à celui du sculpteur qu’à celui du peintre. En effet, chaque pose de matière sur la toile n’est pas pour elle destiné seulement à produire une touche de couleur, à créer une graphie chromatique ayant une valeur tactile, cinétique ou expressive, mais d’abord un geste. Un geste, c’est-à-dire ni une expression ou une action mais un mouvement intérieur qui permet de retrouver « quelque chose » de la constitution d’un sujet, d’une singularité œuvrante. Le geste porte la chose à l'expérience de la perception, au-delà d’un désir de représentation du réel il fait advenir au monde l’infigurable. En ce sens la peinture d’Albane Roux se tient au-delà du débat un peu stérile entre figuration et non figuration, car l’abstraction pour elle est un espace vivant, un lieu d’expériences ouvert sur le monde. Olivier Debré a formalisé sous le terme d’« abstraction fervente », une nouvelle destinée pour la peinture qui se tienne au-delà de la question de la représentation car préoccupée avant tout de « traduire la sensation », en se tenant devant un être ou dans la nature. La peinture d’Albane Roux s’inscrit dans cette esthétique.La tradition picturale qui anime sa création est celle de la nouvelle Ecole de Paris qui triomphe dans les années 1950, avec, outre Olivier Debré, Hans Hartung, Nicolas de Staël, Zao Wou ki, Pierre Soulages, etc. Le travail pictural de Zao Wou ki; est par bien des manières en filiation directe avec celui d’Albane Roux, sensible aux passages entre orient et occident. En effet, les formes picturales qui animent ses tableaux empruntent implicitement à ces deux cultures.La trajectoire de création d’Albane Roux, est marquée par trois moments qui correspondent à deux processus de création bien distincts mais qui peuvent se côtoyer. Le premier processus, à partir d’une image de mémoire comme par exemple : une image de « poilu » de la guerre 14-18, une image de mariés, de communiante, etc., conduit le geste de l’artiste à « voiler par le blanc » à « évider par le blanc » en recouvrant de peinture les figures présentes sur l’image. Seul, subsiste alors des détails visibles pour le spectateur, des mains, une oreille, un bout de chaussure vernis, etc. L’image première, une image figurative stéréotypée, est donc devenue invisible, enfouie dans l’image seconde, une image de peinture. Peindre constitue ici un geste rageur, un geste de sculpture. « Je construis parce que je détruis » dit-elle. Le second processus concerne la période des « Paysages ». Albane Roux décrit de la manière suivante sa genèse : « Quand il n’y a plus eu de séparation entre le dehors et le dedans, j’ai pu entrer dans la diagonale et trouver un mouvement unificateur, qui rassemble, qui réunit tous les éléments construisant l’unité de la toile ». Tout d’abord, « Choisir le moment de peinture et à partir du ressenti, capter ce qui se passe », puis « Poser une couleur, la regarder vivre. Y associer une autre ».Le moment « paysages » m’a incité à passer au grand format. « Paysage et intérieur du corps sont décrits de la même façon, dedans dehors deviennent les mêmes ... Je peins toutes les peaux, les enveloppes du corps … M’enfouir toujours plus loin, laisser des mues sur mon passage … Les textures de mes peintures ressemblent à des écailles ou de fines pellicules blanches de tendresse. Le mouvement sur la toile c’est la vie ». Albane Roux aime l’emploi du goudron, du noir qui ponctue dans ses toiles les couleurs, le blanc iridescent. Le goudron est le matériau privilégié qui l’a incitée à l’emploi du noir d’abord sans transparence, opaque avec le goudron à l’eau, puis jouant avec la transparence des glacis par le goudron à l’huile. Elle utilise aussi la cire de carnauba, un matériau écologique issu des feuilles d’un palmier du Brésil. Paradoxe et liberté de l’artiste qui trouve dans le monde les éléments nécessaires à sa création.La peinture d’Albane Roux est une respiration, un mouvement qui invite le spectateur à un voyage intérieur ouvert sur le monde.

Peindre au plus prés des vibrations du monde


Contact

Albane Roux

30 Rue Brémontier, 33740 Arès

06 73 78 74 84

Actu expos

Actualité des expositions d'Albane Roux et historique des expositions des années passées.

Blog Art & Yoga

Les stages et ateliers proposés par Albane Roux

Suivez moi

gros
gros

Partager